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Channel: Commentaires sur : Les profs vont désormais travailler 12 mois sur 12
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Par : E. B.

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Parce que la peste est pire que le choléra (à moins que ce ne soit l’inverse), il faudrait ne soigner que l’une et négliger l’autre? C’est quand même troublant, cette manie du tacle, du conflit à faire surgir de partout et surtout si possible de là où il n’est pas nécessaire…
Oui les motifs d’inquiétude sont nombreux, et personne ne prétend en quelques lignes ni en faire le tour, ni les résoudre. Si vous estimez avoir, vous personnellement, les moyens (là je parle d’heures) de remplir au mieux votre mission auprès de chacun de vos élèves, grand bravo et tant mieux pour eux!
Personnellement, je partage les constats d’indigence de bien des copies, d’élèves qui « réussissent » non pas parce qu’ils ont compris mais parce qu’il est demandé aux correcteurs de tolérer qu’ils n’aient pas compris. C’est une fuite en avant qui, depuis les années 1960, gagne l’ensemble de l’école, jusqu’aux universités. L’exigence est presque un gros mot, la rigueur une infâmie… Pourtant quand on les met en condition d’en découvrir les vertus, les élèves y trouvent une vraie satisfaction. Mais ça demande du temps, certains ont (auraient, plutôt) besoin d’être guidés quasi par la main. Réussir, très concrètement, à ce qu’une classe de 35 STI ou STMG que l’on voit 2h hebdo soit au bout de 32 semaines (on retire bacs blancs, absences perlées pour épreuves technologiques, DNL etc.) capable de disserter 4h, ou expliquer un texte d’un auteur inconnu, en ayant assimilé un programme notionnel dense, le tout en ayant trouvé de l’intérêt en cours? Elémentaire, il suffit pour cela de revoir les exigences de correction à la baisse et tout va bien madame la Marquise. Je dis seulement que c’est un gâchis dommageable, et qu’en prenant le temps de guider un élève en difficulté, on peut le faire progresser un peu plus dignement qu’en le surnotant à l’examen. Je n’aime pas plus mentir aux gamins des autres que je n’apprécie que l’on dupe les miens, et fais mon possible pour ne pas etre un acteur consentant de cette dérive. Mais de là à avoir véritablement les moyens de suivre individuellement tous les élèves qui en auraient besoin…sûrement pas, ce serait hypocrite de le prétendre. D’abord parce qu’on est souvent à la fin des cours accaparé par les plus curieux et volubiles là où ceux qui peinent rasent les murs, ensuite parce que les emplois du temps ne le permettent pas facilement quand on croise le leur et le notre (ambitus 8h-18h fréquent), et surtout parce qu’il faut bien à un moment fixer une limite. Suivre 5 voire 6 élèves en tutorat par an, pour un seul payé au passage (quelque chose comme 5 euros de l’heure), soit, ça fonctionne, c’est gratifiant de les voir gagner en confiance et finir par ne plus avoir besoin de nous, on est content, on n’aura pas sa médaille pas sa hors classe plus tôt pour autant, mais on est content, pour eux. Soit. Mais est-il bien raisonnable de considérer que sur les 100 à 150 élèves qu’on a par an seuls 5 sont en difficulté?
En effet, il est pire encore d’être élève dans une classe sans prof, ou d’apprendre d’un contractuel incapable de faire le boulot (vécu l’an dernier côté mère d’élève et non prof) à qui on donne quand même des classes à examen, ou d’être contractuel reconduit chaque année mais jamais titularisé. Certes. Est-ce une raison pour se satisfaire a minima d’un « moins pire »? Epoque désanchantée, ou beaucoup ont acquis comme un réflexe face à toute chose d’objecter qu’il existe pire, au lieu de se demander plutôt comment faire mieux! N’étant ni ministre de l’EN (ouf!), ni Recteur, ni Proviseur, mais prof lambda dans une des milliers de classe de France, les seuls moyens dont je dispose restent de pallier individuellement ce que l’approche collective ne me permet pas toujours de résoudre en cours, de me creuser la tête pour chercher des biais renouvelés efficaces pour le plus grand nombre, et surtout d’aller sans relâche chercher la curiosité et l’étincelle intellectuelle chez les élèves, parce que s’ils s’ennuient en cours alors moi aussi. Bonne année à celles et ceux qui la commencent ce 31 août!


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